Cette série d’aquarelles est réalisée à partir d’un album de photos de famille appartenant à mes parents, daté de 1983. À cette époque, ils vivaient dans leur premier appartement commun et n’avaient pas encore d’enfants ensemble. Ils se photographiaient mutuellement, ainsi que les enfants de la famille dont ils avaient régulièrement la garde.
À travers ce travail, j’explore la complexité des liens familiaux en interrogeant la mémoire collective et l’héritage inconscient — ce que l’on nomme la transmission transgénérationnelle. J’ai volontairement effacé les visages afin que chacun puisse y projeter sa propre histoire. Cet effacement suggère aussi la manière dont les souvenirs s’estompent, quand moments et personnes se confondent, et comment certains phénomènes semblent se répéter.
Les membres de la famille deviennent alors les fragments d’un même corps, un corps fragmenté par le temps et l’oubli. Pourtant, gestes, sensations et mémoires enfouies resurgissent, nous rappelant que nous ne faisons qu’un.